La transformation de l'entreprise est un processus évolutif que l'on peut décomposer en 5 niveaux de transformation qui peuvent être identifiés en fonction de l'importance des investissements en technologies de l'information et du degré de transformation de l'entreprise selon M. Venkatraman.
Ces 5 niveaux de re-configuration sont :
le niveau 1 : l'exploitation en local
le niveau 2 : l'intégration interne
le niveau 3 : la re-conception des processus de gestion (BPR)
le niveau 4 : la re-conception des réseaux de gestion
le niveau 5 : la re-définition des objectifs de l'entreprise
Les niveaux 1 & 2 appelés "niveaux évolutifs", ils sont faciles à appréhender.
Les niveaux 3, 4 & 5 sont dits "niveaux révolutionnaires", ils sont difficiles à conceptualiser.
Niveau 1 : L'exploitation en local
Le niveau d'exploitation en local concerne une fonction (ex : la production, le commercial) voire, une activité isolée au sein de cette fonction. Cela se traduit par la mise en oeuvre d'applications des NTIC dont l'objectif principal est d'améliorer l'efficience et l'efficacité des opérations.
Les avantages économiques
Il est utile de distinguer l'exploitation des NTIC (la modification des tâches et activités), du rôle des NTIC (le processus de prise de décision). Les avantages tirés en terme d'efficience et d'efficacité montrent que les gains se situent surtout en terme d'efficience plutôt qu'en terme d'efficacité bien que certaines retirent des bénéfices stratégiques indéniables.
ADMINISTRATION
Étape 1
Étape 2
Étape 3
Étape 4
Étape 5
Étape 6
Entrées
.
Traitement
.
.
Sorties
Application des TIC
Fig. 4.2.1. Schéma du Niveau 1 : Exploitation en local
Les exemples les plus connus d'application dans les activités de gestion sont les suivants :
les systèmes de prises de commandes,
les systèmes de gestion des clients,
la Conception - Fabrication Intégrée par Ordinateur (CFIO),
les systèmes de réservation de places,
les systèmes de gestion des stocks en Juste à Temps,
L'utilisation de ces systèmes a engendré le terme excessif de système d'information stratégique.
NIVEAU 1:
Exploitation
en local
Activateurs
Inhibiteurs
Technologiques
Tendances coûts / performances favorable;
Pression des vendeurs systèmes clé en main;
Obsolescence;
Réduction future des rapports coûts / performances;
Organisationnels
Impact localisé;
Facilité d'évaluation des gains d'efficience;
Perturbation minimale du fonctionnement;
Manque de vision stratégique;
Répugnance à admettre le rôle stratégique des technologies et systèmes d'information;
Fig. 4.2.1/2 Exploitation en local : les activateurs et inhibiteurs
L'impact organisationnel
L'identification des activités à forte répercussion,
Le rejet des systèmes d'information stratégique, attention à la tendance des progiciels
La délimitation du domaine de transformation, car le niveau 1 n'est qu'un point de départ.
Niveau 2 : L'intégration interne
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Le niveau d'intégration interne représente l'extension logique du précédent niveau et vise à exploiter les possibilités des TIC partout où cela est possible dans l'entreprise par la mise en place d'une plate-forme informatique commune pour intégrer l'ensemble des activités de gestion de l'organisation.
L'objectif est d'améliorer potentiellement l'efficience et l'efficacité de l'entreprise. Les 2 étapes d'intégration sont l'intégration technologique et l'intégration organisationnelle.
L'intégration technologique concerne les divers systèmes d'application sur une plate-forme informatique commune.
L'intégration organisationnelle exploite les différents rôles et responsabilités offerts par les NTIC.
L'intégration technologique peut être relativement plus facile à conceptualiser et à réaliser que l'intégration organisationnelle qui utilise les possibilités de la plate-forme informatique développée lors de l'intégration technologique.
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Fig. 4.2.2. Niveau 2 : Intégration interne
Les différents modes d'intégration :
L'intégration des systèmes,
L'intégration le long de la chaîne de valeur,
L'intégration au sein des fonctions.
L'assistance aux équipes (Groupware)
Plus connu sous le nom de Groupware ou encore groupe de travail coopératif, l'assistance aux équipes dont Xérox, General Motors, IBM, et AT&T étudient actuellement l'état de l'art outre le courrier électronique et la messagerie vocale. Les nombreuses tâches sont avant tout une affaire d'équipe.
Les avantages économiques
Les gains se rapportent à la fois sur l'efficience et sur l'efficacité grâce à la compression du temps et de la distance se traduisant par des économies sur les coûts.
Un autre concerne les gains stratégiques liés à l'exploitation des technologies de l'information permettant d'interconnecter l'ensemble des activités de l'organisation par l'intermédiaire d'une plate-forme informatique commune pour offrir un "service intégré".
Exemple : L'ASAP System (Baxter-American Hospital Supply). La nature stratégique de la prise de commande réside dans l'intégration des activités de gestion.
NIVEAU 2:
Intégration interne
Activateurs
Inhibiteurs
Technologiques
Capacités de connectivité accrue;
Tendances coûts / performances favorable;
Pression des vendeurs systèmes clé en main;
Incertitudes;
Coût de l'intégration;
Organisationnels
Vision stratégique pour l'intégration via une plate-forme informatique;
Position centrale des technologies de l'information pour le contexte stratégique;
Manque de vision stratégique;
Inertie de l'organisation;
Conflit centralisation / décentralisation;
Figure 4.2.2/2. Intégration interne : Les activateurs et inhibiteurs
L'impact organisationnel
Les conséquences pour le management sont de deux ordres :
L'articulation des décisions technologiques et organisationnelles qui réaliseront l'intégration.
La dynamique de l'intégration sera réévaluée compte tenu de l'environnement et du développement des technologies.
Niveau 3 : La reconception des processus de gestion "BPR"
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La reconception des processus de gestion en anglais Business Process Reengineering (BPR) correspond au niveau 3. Il part du principe que les technologies de l'information, comme nous l'avons vu plus haut, sont un puissant levier de conception des processus de gestion. Elles ne doivent donc pas simplement se plaquer sur le contexte organisationnel existant.
Au lieu de percevoir les processus de gestion comme des contraintes dans le développement de l'infrastructure informatique optimale, ce sera la logique de base de la configuration des activités de gestion elles-mêmes qui sera revue.
Un processus de gestion sera ainsi mis au point, utilisant au mieux les possibilités des technologies de l'information. Cette approche amène à terme une harmonisation entre les technologies et l'organisation établissant une rupture avec les niveaux 1 & 2 précédents qui se caractérisent par une dictature des technologies.
Il existe deux catégories de processus :
les processus de gestion (commande, facturation, comptabilité),
les processus opérationnels (conception, vente, logistique),
Nous nous intéresserons plus particulièrement aux processus de gestion.
La reconception des processus de gestion plus connue sous le nom de Business Process Redesign (BPR) nécessite une reconfiguration de la gestion pour utiliser les Technologies de l'Information (TIC) comme levier central.
Les processus représentent les chaînes d'opérations qui transforment une entrée en une sortie (commande, production, livraison, facturation, comptabilité fournisseurs etc...). Ce terme désigne toutes les chaînes de valeurs qui se déroulent dans l'organisation et qui sont perçues comme telles par le client interne ou externe, ce dernier étant le client final.
Un processus combine :
un flux de matière - information,
une valeur ajoutée produite par les acteurs,
des ressources d'équipements matériels,
des procédures, règles et modes opératoires,
des facteurs clés de succès,
des connaissances et savoir-faire.
Le processus de gestion existant n'est pas traité comme une contrainte mais réétudié pour exploiter au mieux les possibilités offertes par les TIC.
C'est un effort conscient de création d'une certaine homogénéité entre l'infrastructure informatique et le processus de gestion.
C'est une rupture majeure au même titre que la révolution industrielle le fut en son temps.
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Fig. 4.2.3. Niveau 3 : Reconception des processus de gestion
Dans la figure ci-dessus, nous représentons l'évolution par rapport à la figure 4.2.2. par la reconfiguration de la succession des tâches qui permet de mieux exploiter les possibilités des Technologies de l'Information et diminue le nombre d'étapes.
Cette approche intègre non seulement une plate-forme informatique mais également une révision des spécifications des rôles de chacun dans l'organisation, la remise en cause des hiérarchies de commandement et des responsabilités de management. C'est une mise en ligne des étapes ou activités voisines mais également de l'ensemble des processus de gestion.
La logique de la reconception des processus
La conception des processus de gestion s'appuie sur des principes mis au point pour exploiter les possibilités offertes par la révolution industrielle dans un besoin de production de masse. Si l'on considère que les technologies de l'information représentent une nouvelle révolution, de nouveaux principes doivent être mis au point pour exploiter les nouvelles possibilités offertes. Partant de ce constat, les notions de centralisation, hiérarchie, positions fonctionnelles, contrôles, deviennent en partie, inadaptées ce qui implique que les bases de la conception des processus de gestion doivent être reconstruites en prenant en compte les Technologies de l'Information. La logique de reconception des processus suivie par les organisations performantes semble se confondre avec les poussées stratégiques que l'on observe sur le marché.
NIVEAU 3:
BPR
Activateurs
Inhibiteurs
Technologiques
Tendances coûts / performances favorable;
Pression des vendeurs systèmes clé en main;
Incertitudes;
Coût de l'intégration;
Organisationnels
Perception de la puissance des TIC;
Acceptation d'un minimum de changement pour exploiter les possibilités des TIC;
Manque de vision stratégique pour la reconception;
Inertie de l'organisation;
Coût de transformation de l'organisation;
Du marché
Pression de la concurrence;
.
Fig. 4.2.3/2. Reconception des processus de gestion : Les activateurs et inhibiteurs
L'impact organisationnel
L'impact principal pour le management se situe au niveau de la reconnaissance par le gestionnaire de la nature des changements dans chaque domaine et des conséquences induites sur l'organisation lors de la reconception des processus de gestion. En second lieu, il importe de prendre en compte le rôle de la stratégie d'équilibrage entre les possibilités technologiques et les capacités organisationnelles qui dépendent des objectifs et des stratégies de l'entreprise.
Niveau 4 : La reconception des réseaux de gestion
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La reconception des réseaux de gestion intéresse la reconfiguration du domaine et des tâches impliquées dans la création et la fourniture des produits et services tant à l'intérieur qu'au-delà des frontières de l'entreprise. La notion de "réseau virtuel de gestion" prend toute sa dimension. Cette approche vise à " l'intégration électronique " des partenaires clés du réseau rénové, utilisant l'EDI. C'est la notion de réseau d'entreprise, elle se présente, à première vue comme une manifestation élargie de l' EDI.
Les motifs
La logique qui sous-tend cette démarche part du constat que l'entreprise évolue dans un environnement constitué d'un réseau de fournisseurs, acheteurs, intermédiaires, clients et partenaires, de concurrents etc...
L'avantage concurrentiel que l'entreprise peut escompter réside pour partie à l'intérieur de l'entreprise et pour partie dans un réseau de gestion élargi à l'extérieur. Cette approche est similaire aux approches traditionnelles telles que :
l'intégration horizontale (entre unités de gestion d'une même organisation ou par acquisition sur le marché).
l'intégration verticale (élargissement des frontières de l'organisation et articulation des mécanismes d'échanges avec les entreprises partenaires au bout de la chaîne des valeurs).
L'intégration électronique se positionne comme une alternative sérieuse à ces deux modes d'intégration traditionnelles.
Les principes de base de l'intégration
Lorsque l'on étudie les opportunités du réseau d'entreprise l'analyse de la chaîne de valeurs permet de découvrir et d'évaluer les synergies possibles. Les facteurs à examiner sont les suivants :
les relations inter-entreprises peuvent être de type :
couplage fort (ex: communiquer des info commerciales - prévisions de volume),
couplage faible (ex: établir un marché électronique - lancer un appel d'offres),
ou se situer quelque part entre ces deux extrêmes,
les considérations technologiques liées :
aux applications / interfaces normalisées ou standard sur une large base,
aux applications / interfaces propriétaires jouant un rôle de contraintes techniques dans le réseau d'entreprise qui ne signifient pas un couplage fort.
Il peut exister un mélange d'éléments standard et propriétaire (ex: normalisation des interfaces et des formats de messages, appliqués à des systèmes personnalisés de traitement des transactions EDI).
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Fig. 4.2.4. Principes de base (moyeux / rayons)
Les options stratégiques
Les options stratégiques (d'après N. Venkatraman) se déduisent des réactions entre les relations interentreprises fortes et le haut niveau de normalisation technique. Elles permettent des opportunités d'avantages coopératifs (ex: raccourcissement de cycles de développement des produits, ou bien partage de risques financiers réduisant le coût). Le domaine d'intégration est lié à la pénétration plus ou moins grande du système dans les processus internes des acteurs du réseau d'entreprises. Les domaines principaux sont :
les transactions (échange d'éléments d'action simples ex: commande/facture),
stock / disponibilité (offre de produits / services en ligne ex: places d'avions),
liaison entre traitements (échange d'infos de haut niveau ex: B.E. / Fabricant),
négociation, dialogue, et mise en commun des connaissances (accès partagé à des BD, les systèmes experts pour étudier - diagnostiquer des produits),
les rôles des acteurs sont liés aux systèmes informatiques partagés.
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Fig. 4.2.4/2. Options stratégiques des réseaux de gestion
Les liaisons possibles entre plate-forme intégrée sont les liaisons simple et avancée entre traitements
La forme la plus simple est la liaison entre fonctions des deux organisations (ex: les achats de l'une au traitement des commandes de l'autre). Dans ce cas, une application sur plate-forme informatique est intégrée par chacun mais indépendante des autres applications de chaque organisation.
Liaison simple entre traitements
La forme la plus simple est la liaison entre fonctions des deux organisations; par exemple relier les achats de l'une au traitement des commandes de l'autre. chaque organisation possède une plate-forme informatique intégrée indépendante. La connexion est spécifique pour traiter une étape de processus comme le montre la figure ci-dessous.
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Fig. 4.2.4/4. Liaison simple entre plates-formes intégrées de TIC
Liaison avancée entre traitements
Une liaison directe existe entre les traitements des deux organisations créant un fort degré d'intégration fonctionnelle. L'exemple significatif est l'échange de donnée qui existe entre un bureau d'étude de constructeur automobile et les B.E. des équipementiers pour la mise au point d'un produit. Le traitement de conception de l'une est relié aux traitements d'industrialisation et de production de l'autre.
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Fig. 4.2.4/5. Liaison avancée entre plates-formes intégrées de TIC
Domaine d'intégration
Il est le reflet du rôle du réseau d'entreprise et se déduit de la nature des informations échangées. Les domaines d'intégration peuvent être placés sur une échelle qui va :
des transactions : concernent l'échange simple d'éléments d'action (EDI),
des contrats : concernent par exemple les BD en ligne et prise de commande,
des alliances stratégiques : concernent des liens forts d'intégration,
des connaissances : concernent les systèmes experts notamment.
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Fig.4.2.4/3 Stratégies pour l'intégration électronique
Les avantages économiques
Les 4 domaines de réseaux d'entreprise correspondent à 5 classes de niveaux d'avantages potentiels.
La figure ci-dessous présente un cadre de classification et conceptualise la nature de la reconception du réseau de gestion s'appuyant sur les technologies de l'information.
Classes Domaines
Efficience opérationnelle
Structure financière
Position sur le marché
Conditions de partenariat
Capacités et Possibilités stratégiques
Transaction
Économies sur les coûts de fonctionnement
- d'erreurs
Fonds de roulement plus faible
Exploitation aisée;
Avantage au premier arrivé
Possibilité de créer les normes de la profession
Généralement sans restriction
Les normes affaiblissent les liens
Faibles
Stocks / délais
Gains > aval;
Cdes OK avant envoi;
- d'erreurs;
Le juste à Temps repousse les stocks en amont;
faible différenciation
Effets de présentation; nouveaux produits;
Contrats et termes variables; limités par les contrats généraux;
Expansion des canaux;
Faibles à moyennes;
Processus / Liaisons entre traitements
Accélère >aval
Simplification de procédures;
potentiel de gains partagés;
Meilleure différenciation
Cadencement traitements et personnalisation simple;
Limitées par les contrats spécialisés;
Intégration des traitements;
Moyennes;
Produits dérivés et spéciaux;
Expertise / Compétence
Économies coût / délai secondaires;
Directe;
Étalage des opportunités;
opportunités de relations p;
Expression rapide des besoins;
Organisation de réseaux en coopération;
Réaction rapide aux nx besoins;
Forte;
Collaboration;
Fig. 4.2.4/6. Tableau - Réseaux interentreprises : avantages et gains.
L'impact sur l 'organisation
Les réseaux de gestion permettent la conceptualisation d'une organisation virtuelle s'appuyant fortement sur les capacités de connectivité des réseaux de communication.
Les trois décisions clés pour une intégration électronique sont :
la volonté de structurer un secteur du marché par ses acteurs,
le choix du niveau de pilotage des TIC (rôle et position dans le réseau),
le domaine d'intégration électronique (échelle de la transaction aux connaissances).
Domaines
Nature des échanges d'informations
Nombre de partenaires
caractéristiques des réseaux
Transaction
Structurées
Illimité
Biaisés > non Biaisés
Stocks
Relativement structurées
Limité par les objectifs de l'organisation
Biaisés > non Biaisés
Marché ou hiérarchies
Processus
Relativement non structurées
Limité par les choix de l'organisation
Intégration électronique entre hiérarchies limitées
Expertise
Non structurées
Sélectif
Intégration électronique entre hiérarchies sélectionnées
Fig. 4.2.4/7. Caractéristiques des réseaux interentreprises
Les frontières de l'organisation en termes virtuels sont liées aux capacités de connectivité existantes et à venir des réseaux de gestion.
Cette approche représente une source d'avantages commerciaux attrayante qui autorise la création d'organisations virtuelles novatrices cumulant :
Alliances stratégiques,
Mécanismes coopératifs,
Interconnections par une plate-forme informatique.
Niveau 5 : La redéfinition des objectifs de l'entreprise
La redéfinition des objectifs de l'entreprise touche à la raison d'être de l'entreprise et la possibilité d'en élargir la mission et le domaine ou d'en modifier le domaine lui-même.
L'analyse stratégique pose la question suivante : " Quel est notre métier ? " afin de définir la position de l'organisation en termes de produits, de marchés et de technologies.
L'objectif est de dégager le fil conducteur composant le portefeuille d'activités, identifier les poussées stratégiques permettant de se différencier et d'allouer les ressources nécessaires.
Ces objectifs de l'organisation guident les opérations stratégiques de :
diversification,
désinvestissement,
consolidation,
fusion / acquisition.
C'est à ce niveau que le rôle des technologies de l'information est évalué dans la redéfinition des objectifs de l'organisation.
L'extension des objectifs de l'organisation
L'extension des objectifs de l'organisation peut être effectuée en s'appuyant sur les opportunités qu'offrent les technologies de l'information par des moyens tels que :
La vente d'informations (structurées et analysées spécialement - ex: l'information boursière),
L'offre de services à valeur ajoutée liée aux activités d'origine. Exemples :
American Airlines : le système de réservation SABRE génère, outre l'avantage concurrentiel bien connu, un chiffre d'affaires important grâce aux services fournis aux autres compagnies aériennes.
Ascenseurs Otis : la mise en oeuvre d'OTISLINE lui a apporté, outre l'image de qualité de service, un nouveau marché via l'entretien des ascenseurs de marques concurrentes.
Mc Kesson : la mise en oeuvre du système "Economist" lui a permis d'offrir de nouveaux services tels les CR de gestion et d'activités sous produits du système comptable.
Ces extensions du domaine d'activité de l'organisation sont possibles car intégrées à l'ensemble des opérations utilisant les mêmes données.
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Fig. 4.2.5. Extension du domaine utilisant les TIC
Le déplacement des objectifs de l'entreprise
Le déplacement des objectifs est permis par les technologies de l'information. L'importance des technologies de l'information tient à leur potentiel de déclassement des tâches et compétences traditionnelles. L'une des tâches du stratège est de faire en sorte que les fonctionnalités qu'apportent les technologies centrales ne se trouvent pas déclassées par les nouvelles technologies de substitution qui commencent à apparaître.
Compte tenu de leurs fonctionnalités améliorées et des fortes économies en matière de rapports coûts / performances, les technologies de l'information amènent à réétudier de nombreuses opérations avec une meilleure efficience et une meilleure efficacité.
Exemple : la typographie traditionnelle devient coûteuse et inefficace comparée à la PAO.
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Fig. 4.2.5/2. Déplacement des objectifs
Résumé
Dans ce chapitre, nous avons distingué cinq niveaux de transformation de l'entreprise que les Nouvelles Technologies de l'Information et des Communications NTIC permettent désormais d'atteindre.
Le tableau de la figure 4.2.6 ci-dessous montre pour chaque niveau de transformation défini plus haut les impacts potentiels sur l'organisation à partir d'objectifs précis à atteindre fixés par un management actif.
Niveaux
Thèmes
Impacts potentiels
Objectifs principaux
Implication pour le management
Niveau 1
Exploitation en local
Gains potentiels élevés dans des secteurs étroits
Diminution des coûts et / ou amélioration du service
Identifier les domaines correspondants, spécifiques de la firme
Niveau 2
Intégration interne
L'intégration interne offre à la fois efficience et efficacité
Élever les technologies de l'information au niveau des ressources stratégiques
Articuler la logique de l'intégration
Niveau 3
Reconception des processus de gestion (BPR)
Puissance de création de capacité de différenciation sur le marché
Réétudier les métiers à l'aide des technologies de l'information
Alignement sur une stratégie de technologies de l'information
Niveau 4
Reconception du réseau de gestion
Des occasions d'exploiter ses possibilités de façon créative
Créer une entreprise virtuelle et occuper dans le réseau une position centrale
Articuler la logique de la réétude du réseau autour de la firme centrale
Niveau 5
Redéfinition des objectifs de l'entreprise
Modifier les objectifs de l'entreprise de façon à la fois proactive et réactive
Identifier de nouveaux métiers ainsi que les menaces potentielles
Identifier de nouveaux objectifs pour l'entreprise
Fig. 4.2.6 . Tableau récapitulatif des cinq niveaux de transformation
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Évolution
Le problème posé au management est de savoir si l'infrastructure informatique doit être considérée comme une ressource stratégique ou non.
Il apparaît de plus en plus clairement qu'une exploitation réussie des technologies de l'information résulte du parallélisme entre le contexte stratégique et l'infrastructure informatique de l'entreprise (exemples : le système "ASAP" d'American Hospital Supply, ou encore le système de réservation "SABRE" d'American Airlines ou "APOLLO" d'United Airlines).
Ce qui est intéressant de noter dans la plupart de ces exemples est que l'objectif initial n'était pas celui auquel ils sont arrivés. En effet, Beaucoup d'entre eux ont été étudiés et mis en oeuvre pour répondre de manière spécifique à des goulots d'étranglement et autres problèmes d'exploitation rencontrés.
Ces systèmes jouent maintenant un rôle central dans la stratégie de ces entreprises. C'est seulement après avoir découvert le potentiel stratégique de leur infrastructure informatique que ces organisations maintiennent celle-ci comme élément central dans leur stratégie à travers un processus dynamique en adaptant l'infrastructure de manière permanente à l'évolution de l'environnement. Nous observons que l'infrastructure informatique actuelle est différente de celle d'origine.
Le chemin d'évolution de l'infrastructure informatique peut se caractériser par les trois aspects suivants :
Indépendant : le développement des NTIC est indépendant du contexte stratégique, c'est un rôle traditionnel d'assistance des NTIC voir d'intendance (dépenses administratives),
Réactif : le développement des NTIC est réactif vis à vis de la stratégie choisie en amont et non moteur ou simultané, c'est un rôle de suivi et d'accompagnement,
Interdépendant : le développement des NTIC est interdépendant de la stratégie l'un modifiant l'autre pour être alignés en permanence (logique d'investissements).
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Fig. 4.2.6/2 Les types dominants d'évolution de l'infrastructure
Le tableau qui suit montre les principaux indicateurs permettant de caractériser la logique régissant le rapport entre le management stratégique et l'infrastructure informatique au sein de l'organisation et son éventuelle ré articulation.
Caractéristiques distinctives
Type I (Indépendant)
Type II (réactif)
type III (Interdépendant)
Description
La conception de l'infrastructure informatique est indépendante du contexte stratégique
La conception de l'infrastructure informatique est dérivée du contexte stratégique
Recherche un alignement dynamique entre le contexte stratégique et l'infrastructure informatique
Principaux indicateurs
.
.
.
Structure
Niveau relativement bas de la fonction système d'information
Tendance récente à l'augmentation de sa position
La fonction système d'information / technologies de l'information est considérée comme critique au sein de l'organisation
Systèmes
Le planning des technologies de l'information est opérationnel et indépendant du planning stratégique
Le planning des technologies et des systèmes d'information est dérivé des plans à long terme de l'entreprise
Le planning stratégique des technologies / système d'information identifie les opportunités et y répond
Ressources
Considérées comme des "dépenses administratives"
Considérées comme des "charges productives"
Considérées comme des "investissements productifs"
Fig. 4.2.6/3. Tableau de synthèse : les perspectives des NTIC suivants les trois types dominants.
Le tableau qui suit est un résumé de la façon dont on commence à voir le traitement de l'infrastructure informatique pour le management stratégique.
Caractéristiques
Nouvelle façon de voir
.
Ancienne façon
Centre d'intérêt
Plate-forme informatique
ET NON
Des systèmes isolés
Perspective de l'investissement
Transformation de l'entreprise
ET NON
Une sophistication technologique
Critères d'investissement
Critères économiques
ET NON
Les seuls critères coûts / bénéfices
Domaine concerné
Domaine économique
ET NON
Les domaines des technologies ou des systèmes d'information
Responsabilité de la direction
Responsable stratégique (hiérarchique)
ET NON
.
Principe directeur
Alignement stratégie / technologies de l'information
ET NON
.
Fig. 4.2.6/4. Tableau : La nouvelle façon de voir l'infrastructure informatique