LE PROCESSUS DE DECISION ET L'ATTENTION

 

Le processus décisionnel

Les rapports Information - Organisation - Décision font l'objet de nombreuses recherches . Certains auteurs sont convaincus d'une correspondance étroite entre information et organisation, d'autres se demandent si "les capteurs sont en place" , bref l'information est une ressource économique présentée comme essentielle et stratégique . D'autres enfin, reconnaissent que l'information joue un rôle dans le processus d'adaptation de l'organisation, mais suggèrent que le manque d'information n'est pas le problème caractéristique des processus de décision. La ressource rare est moins l'information que la capacité à s'occuper de cette information ou à y être attentif.

 

 

 

 

La capacité d'attention

La capacité d'attention des acteurs de l'organisation (tous décideurs potentiels) est le principal goulet d'étranglement de l'activité organisationnelle. Les systèmes d'information baignent dans une abondance d'informations, la ressource rare n'est pas l'information mais la capacité de traitement pour s'en occuper .

Pour rendre intelligibles les processus décisionnels, J.G. March propose de se référer à la notion d'attention plutôt que de décision. La focalisation de l'attention, plus que les notions de préférence et d'utilité, permet d'expliquer le comportement du décideur qui concentre son attention sur une seule valeur critique (éviter le passage en dessous d'un seuil en focalisant son attention sur ce danger et passer à côté des opportunités de gain) ou encore (à deux doigts de réaliser un objectif, prendre des risques pour l'atteindre en focalisant l'attention sur les opportunités, plutôt que sur les dangers).

L'hypothèse de l'attention, à la fois dimension essentielle des processus de décision et ressource rare de l'organisation, est d'autant plus intéressante que la capacité d'attention d'un individu, du fait des limites physiques du cerveau humain, est considéré comme limitée. Il est intéressant de comprendre la façon dont les acteurs gèrent et répartissent leur capacité d'attention, rentrent ou sortent des processus de décision qu'ils rencontrent dans l'organisation :

Pour rendre compte de la capacité des organisations à faire émerger de nouvelles réponses, à créer du sens, à s'adapter, il est important de rendre intelligible la gestion et la répartition des courants d'attention, car chacun ne veille pas :

 

Un Système d'Information de Soutien de l'Attention

Une des voies pour aider à développer cette capacité pourra être la conception de SI structurés (de façon à économiser la ressource rare, c'est à dire l'attention). A la frontière des interactions cognitives collectives et de l'amplification cognitive individuelle, le Projet d'ArvA de Systèmes d'Information de Soutien de l'Attention (SISA) est autant de développer, confronter et faire interagir les différentes formes d'attention et d'intelligence des acteurs de l'organisation, que de fournir une assistance à la décision managériale.

Lorsque le SISA attire l'attention sur l'envol d'un indicateur, la déviation peut rester inexpliquée, pourtant, une organisation se définit de plus en plus par son intelligence organisationnelle c'est-à-dire par l'ensemble de ses aptitudes à adapter ses buts et ses actions, qui s'expriment par ses capacités de compréhension de situations.

 

Le réseau d'attention

Les organisations apparaissent de moins en moins comme des lieux de production matérielle que comme "des réseaux d'acteurs interagissant dans le cadre d'une culture commune" . Il s'agit de passer d'une compréhension limitée, conçue à l'échelle d'un cerveau individuel, à une attention partagée, réticulée et répartie, image "d'un réseau de cerveaux interconnectés" appelé réseau d'attention.

 

La dimension humaine

Le projet des SISA est un outil d'aide à la compréhension des situations complexes par la confrontation des attentions, représentations et intelligences individuelles. Ces confrontations , intégrant les perceptions et les représentations de chacun, permettent de faire émerger une attention multiforme répartie dans l'organisation, en même temps qu'une intelligence multidimensionnelle des situations décisionnelles. Bien qu'une partie de l'intelligence d'un tel système réside dans la dimension informatique, c'est bien dans sa dimension humaine qu'elle y concentre la plus grande partie.